Dans le nord du département, atlantic'eau engage des moyens financiers importants pour gagner en efficacité de production et anticiper tout type de pollution. Le syndicat a confié l’assistance à maitrise d’ouvrage des travaux de réhabilitation de l’usine de Nort-sur-Erdre à la société SCE et au cabinet Bourgois pour l’usine de Massérac.

Christophe SIMON, responsable de service chez Bourgois et Amandine TINGHIR,  cheffe de projet chez SCE.


Comment va-t-on traiter l’eau sur ces deux usines ?
Amandine TINGHIR, SCE : La technologie utilisée pour le traitement de l’eau est déterminée en fonction du contexte de chaque site : la taille de l’usine, les teneurs en métabolites, les autres paramètres à traiter et l’implantation dans la filière existante.

 

Quelles sont les spécificités de chacun des deux sites ?
A.T. : À Nort-sur-Erdre, l’usine produit jusqu’à 500 m3/h. Les 4 forages qui l’alimentent sont classés prioritaires « Grenelle » en raison de la qualité très dégradée de l’eau brute. Les problématiques de traitement concernent principalement les produits phytosanitaires (Atrazine, Norflurazon, Métolachlore‐ESA).

Christophe SIMON, Bourgois : À l’usine de Massérac, l’eau est captée dans la nappe alluviale de la Vilaine. Sur les deux forages initiaux, l’un a été mis à l’arrêt en janvier
2017 du fait de la concentration élevée de métabolites de métolachlore. La capacité de production de l’usine est donc réduite à 120 m3/h. La filière actuelle ne traite pas
les pesticides mais veille à l’équilibre calcocarbonique et à l’élimination du manganèse.

 

Quelles solutions ont été envisagées pour traiter les produits phytosanitaires ?
C. S. : Il existe plusieurs technologies mais aucune n’est universelle. Nous avons présenté différents procédés comme l’ozonation qui permet oxydation d’une partie de la molécule mais l’ozone peut générer, par réaction, des sous-produits indésirables.

A.T. : Nous avons aussi présenté l’osmose inverse basse pression qui retient très bien la majeure partie des composés indésirables mais cette solution, qui élimine également
des minéraux essentiels, consomme beaucoup plus d’énergie et fait perdre 15 à 20 % d’eau. Sans compter qu’il faut ajouter un traitement complémentaire dans l’eau traitée pour la reminéraliser.

 

Alors quelle solution a été adoptée ?
A.T. : Le comité d’atlantic’eau a retenu le traitement par adsorption sur charbon actif pour les deux usines. C’est la solution la mieux adaptée et la moins coûteuse. La filière sera ensuite précisée selon le savoir-faire des entreprises retenues lors de la consultation.

 

Et ça fonctionne comment ?
C. S. : Le charbon actif a une structure poreuse et possède une très grande capacité d’adsorption. A la manière d’une éponge, il capte les matières organiques et les pesticides
puis les retient.

A.T. : On peut utiliser le charbon sous différentes formes : en grain, en micrograin ou en poudre. Ces procédés nécessitent un temps de contact élevé pour traiter efficacement le
métolachlore-ESA, molécule très soluble dans l’eau et difficilement adsorbable.

À quelle date seront livrées ces nouvelles usines ?
A.T. : La consultation des entreprises de travaux sera lancée début 2021 pour un démarrage des deux chantiers en parallèle fin 2021.

C. S. : La livraison des deux usines est attendue pour le second semestre 2023.

.schéma du charbon actif