Mi-septembre, un traitement complémentaire a été mis en service sur l’unité de production d’eau potable de Saffré. Il permet de mieux éliminer les pesticides mais aussi la matière organique présente dans l’eau brute.
Une unité essentielle pour sécuriser l’alimentation en eau potable d’un large territoire
La Région de Nort-sur-Erdre et le sud du Pays de la Mée sont alimentés par trois unités de production d’eau potable, qui se sécurisent mutuellement :
- Saffré (Les Perrières)
- Saint-Mars-du-Désert (La Janvrais)
- Nort-sur-Erdre (Plessis-Pas-Brunet)
Ces trois unités sont nécessaires pour desservir près de 110 000 habitants répartis sur 35 communes de la Région de Nort-sur-Erdre et du Pays de la Mée.
Un objectif : ne pas dépasser 0,10 μg/L pour chaque pesticide et métabolite
L’unité de production d’eau potable de Saffré a été mise en service en 1996. Désormais vieillissante, atlantic’eau avait programmé la réhabilitation complète de la filière de traitement de cette unité, pour améliorer sa facilité d’adaptation et ses performances.
Or en 2023, dans le cadre de sa politique de Recherche et Développement, atlantic’eau découvre la présence d’une nouvelle molécule : le chlorothalonil R471811. Il s’agit d’un métabolite issu de la dégradation du chlorothalonil, utilisé comme fongicide sur de nombreuses cultures. Bien que son utilisation soit interdite depuis mai 2020, les concentrations en eaux brutes restent élevées et mettront des décennies à disparaître. A Saffré, le chlorothalonil R471811 est détecté à des valeurs autour de 0,20 µg/L en sortie d’unité.
La recherche progresse rapidement sur la découverte de nouvelles molécules et leurs effets sur la santé. Face à ces enjeux majeurs, mais aussi aux incertitudes liées aux évolutions de la réglementation, les élus d’atlantic’eau se sont fixé un cap : distribuer au vu de l’état des connaissances, une eau répondant aux enjeux de santé ne dépassant pas le seuil de 0,10 μg/L pour chaque pesticide et métabolite, qu’ils soient classés « pertinents1 » ou « non pertinents ».
Mise en place d’une filière provisoire de traitement
Sans attendre la réhabilitation complète de l’unité prévue pour 2029/2031, les élus d’atlantic’eau ont décidé la mise en place d’une filière provisoire, avec pour objectifs :
- l’amélioration du traitement des pesticides et le respect des 0,10 µg/L sur les pesticides et leurs métabolites qu’ils soient pertinents ou non,
- le respect de la référence de qualité de 2 mg/L sur le carbone organique total (matière organique), même si la limite de qualité est à 10 mg/L,
- la suppression du risque THM (trihalométhanes), en réduisant la matière organique présente dans l’eau. Les THM sont un groupe de substances chimiques qui se forme lorsque le chlore utilisé pour désinfecter l’eau réagit avec les matières organiques (végétation…)
Ce traitement complémentaire provisoire a été mis en service en septembre 2025 pour un montant global de 550 000 € HT, intégralement financé par atlantic’eau. L’assistance à maîtrise d’ouvrage a été assurée par SCE et les travaux ont été confiés à l’entreprise FELJAS à l’issue d’une procédure d’appel d’offres.
Descriptif de la filière désormais en place à l’unité de production d’eau potable de Saffré :
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Des objectifs tenus
Aujourd’hui, les résultats obtenus dans l’eau produite tiennent les objectifs qui ont motivé la mise en place de cette filière provisoire de traitement.
La première analyse réalisée par l’ARS des Pays de la Loire dans le cadre du contrôle sanitaire, indique une concentration de 0,07 µg/L pour le chlorothalonil R471811, soit une valeur inférieure au seuil de 0,10 µg/L, conformément aux attentes d’atlantic’eau. Pour rappel, les objectifs d’atlantic’eau vont au-delà des exigences de la réglementation, puisque la norme est fixée à 0,90 μg/L pour ce métabolite de pesticide.
Conformément à l’arrêté préfectoral de mise en service, un suivi renforcé sur les performances de cette filière provisoire est mis en place pour une durée de 6 mois, en lien avec le délégataire en charge de l’exploitation de l’usine, Veolia. Un suivi renforcé sur les performances du traitement du chlorothalonil R471811 sera par ailleurs assuré jusqu’à la fin du contrat de délégation de service public avec Veolia en 2031.
Protection de la ressource en eau : une mobilisation de l’ensemble des partenaires
Pour préserver la ressource en eau, les acteurs du territoire ont décidé d’agir ensemble, chacun à son niveau, pour atteindre le non-usage en 2040 de produit phytosanitaire de synthèse, d’origine agricole ou non agricole.
Une charte « Tous InnEauv’acteurs pour le bassin de Saffré » a été signée dès 2021 par les 4 communes du bassin de Saffré (Saffré, Nozay, Abbaretz et Puceul), la Communauté de Communes de Nozay, le syndicat Chère Don Isac, la chambre d’agriculture et l’association Agri Eau Saffré.
La charte est financée par atlantic’eau, l’agence de l’eau Loire-Bretagne et la Région des Pays de la Loire, avec un appui technique d’INRAE. Elle associe également les citoyens.
Cette démarche collaborative porte ses fruits. Aujourd’hui, sur 65% de l’aire d’alimentation des captages de Saffré, des agriculteurs se sont engagés dans une ou plusieurs pratiques agricoles favorables à la qualité de l’eau. Fin 2024, un groupe de fermes s’est constitué en Groupement d’Intérêt Economique et Environnemental (GIEE) pour pérenniser et développer les surfaces en agriculture biologique sur le bassin de Saffré et ses environs, avec l’appui d’atlantic’eau et d’INRAE.
Des sensibilisations sont par ailleurs régulièrement réalisées pour éclairer les citoyens sur l’utilité de leurs choix de consommation pour la qualité de l’eau : alimentation, produits ménagers ou lessives par exemple.
En 2021, les élus d’atlantic’eau ont adopté à l’unanimité une motion pour demander le non-usage des produits contenant des micropolluants sur les aires d’alimentation des captages, quelle que soit leur utilisation (agricole, industrielle, communale, domestique…). L’animation de cette charte qui implique l’ensemble des partenaires sur le bassin de Saffré, est un des leviers activés par atlantic’eau pour atteindre cet objectif.
1Selon l’Anses, un métabolite de pesticide est « pertinent » pour les eaux destinées à la consommation humaine, « dès lors qu’il y a lieu de considérer qu’il pourrait engendrer (lui-même ou ses produits de transformation) un risque sanitaire inacceptable pour le consommateur ».
Publié le 16 octobre 2025